BRESIL La plate-forme coule : Petrobras aussi? Le 20 mars 2001, la plus grande plate-forme petroliere du monde a coule au large de Rio de Janeiro. La presse bresilienne s'inquiete du desastre ecologique qui menace et de l'avenir de la compagnie nationale Petrobras. "Six jours apres avoir ete endommagee par trois explosions, la plate-forme P 36, la plus importante unite de production petroliere semi-submersible au monde, a coule le 20 mars. La plate-forme a emporte avec elle les corps des neuf travailleurs portes disparus et un equipement estime a quelque 500 millions de dollars." En fait, le quotidien "A Folha de Sao Paulo" raconte tous les details du naufrage. "L'engloutissement de la plate-forme a commence a 10 h 20, lorsqu'un baril de combustible, entrepose sur la structure, a ete precipite a la mer, suivi rapidement par d'autres objets. A 10 h 35, l'inclinaison atteignait deja 90°. Vingt-cinq minutes plus tard, seul un bout de flotteur restait visible a la surface de l'eau. A 11 h 30, la P 36 avait entierement coule. Pour le proprietaire, Petrobras, la plate-forme a touche le fond de l'ocean, quelque 1 300 metres plus bas, dans un perimetre proche des 16 ancres qui la retenaient." Cette relation minute par minute est relayee par "O Globo", qui insiste sur les risques environnementaux. "Le deversement des tonnes de petrole et de combustible contenus dans les reserves de P 36 est inevitable." C'est d'autant plus grave que "les barrieres flottantes pour contenir le petrole n'ont pu etre deployees a cause d'une mer agitee et de creux de pres de 4 metres". Il reste donc, au fond de l'ocean, "1,54 million de litres de combustibles emprisonnes. A l'heure actuelle, la possibilite que ce petrole puisse salir les plages mythiques de Rio est quasi nulle meme si Petrobras a entrepose sur le littoral tout le materiel necessaire." Mais la presse tente aussi de tirer les lecons du desastre. "O Jornal Do Brasil" voit dans "la perte de la plus grande plate-forme petroliere du monde" une metaphore de l'echec de Petrobras dans sa course au gigantisme. "L'explosion de la P 36 est un echo du passe. Elle reflete les maux et les deficiences accumules par la compagnie petroliere nationale ces dernieres annees. Malgre les efforts du president actuel de l'entreprise, Henri Philippe Reichstul, il est impossible de resoudre a court terme les problemes crees par des decennies de bureaucratie et de manque de transparence." Pour le quotidien, "le gigantisme de Petrobras ne resiste pas a la concurrence et s'est echoue de maniere emblematique par 1 300 metres de fond". Le quotidien "O Globo" n'est pas loin de penser la meme chose. Il revient sur l'un des episodes les plus mediatises de l'echouage de la plate-forme : le visage en pleurs d'un employe de Petrobras en voyant la P 36 couler. "Je ne sais pas qui est ce travailleur, mais sa reaction est retrograde, c'est la reaction anonyme de quelqu'un qui n'a rien appris de ces dernieres annees. Car il ne faut pas etre sentimental avec Petrobras. Le Bresil ne fera jamais parti des pays les plus developpes avec des hommes qui pleurent pour cela. Il n'y a qu'une bonne raison de pleurer : la honte." |